• Un groupe scolaire accompagné de leur guide devant le Parthénon, lors d'un voyage éducatif organisé par THALYSSEA, explorant l'histoire et la culture de la Grèce antique.

Pourquoi organiser un voyage scolaire ?

En début d’année scolaire, quand un professeur émet l’idée d’organiser un voyage, les réactions des élèves : « On aura du temps libre ? On pourra se baigner ? », celles de certains collègues : « Je ne pourrai pas finir mon programme ! » « Tant pis, ils n’auront qu’une note ce trimestre ! », ou encore de l’administration : « Ils vont encore être démobilisés », font parfois germer le doute sur le bien-fondé de ce genre de projet. Est-il bien sérieux de détourner les élèves des salles de classe ?

À cette question, au fil des expériences, s’impose une réponse affirmative. Voici quelques arguments pour celles et ceux de nos collègues enseignants qui, se heurtant à des objections trop acerbes, hésiteraient à se lancer dans l’aventure.

Souvent, pour des élèves qui n’ont guère l’occasion de circuler avec leurs parents, le voyage est la première expérience d’un séjour loin du giron familial, du département ou du pays. Les haltes sur l’autoroute, le séjour en hôtel, la lecture de panneaux dans une langue étrangère, la rencontre des habitants d’un autre pays etc. se révèlent autant de découvertes et d’incitations à élargir son esprit et sa perception du monde. Nos adolescents, qui parfois affectent un comportement blasé, se montrent toujours extrêmement sensibles à la beauté des monuments, des sites et des lieux visités.

Dans le cadre de l’option latin ou grec, cette expérience constitue évidemment une valorisation de l’effort consenti, sans pour autant métamorphoser le professeur en « tour operateur ». Nos élèves vivent trop dans l’instant pour envisager de suivre nos cours pendant trois ans avec, comme seul objectif, la perspective d’une semaine passée en Italie.

Nos séances semblent parfois bien abstraites à des jeunes qui ont du mal à imaginer les civilisations que nous évoquons devant eux. Quand, à la sortie du métro, le groupe s’arrête, ébloui par la vue du Colisée, on comprend aisément que Google ou n’importe quelle IA ne peuvent remplacer le contact direct avec les vestiges de l’Antiquité.

C’est que le voyage ne se présente pas comme une parenthèse dans le cursus, mais au contraire en constitue un élément fondamental. Les Instructions officielles nous incitent bien à favoriser l’approche concrète des vestiges de l’Antiquité. Les textes étudiés sur les origines de Rome en 5ème, les loisirs en 4me, l’Empire en 3ème, et bien d’autres, entrent sans peine en résonnance avec les sites visités. Il n’est pas rare que, même les années suivantes, des élèves évoquent spontanément leur voyage pour expliquer une étymologie ou qu’ils rappellent, par exemple, la mosaïque de la Maison du faune au cours de la lecture d’un texte sur Alexandre.

Enfin, si l’on choisit de voyager en compagnie d’un guide-conférencier, l’expérience acquiert une très grande richesse, comparable à celle de tous les ateliers que l’on peut organiser, dans le cadre de la classe, avec un intervenant extérieur « expert » : écrivain, acteur ou metteur en scène. Le point de vue du spécialiste, interlocuteur extra-scolaire, renouvelle l’intérêt des élèves.  Tout au long du voyage, et au-delà, s’instaure une validation réciproque entre l’animateur et l’enseignant. Le fait de partir « sur le terrain » permet aux scolaires de mieux appréhender les différentes cultures auxquelles les ruines restent intimement rattachées, l’émerveillement qu’elles peuvent susciter étant souvent le premier pas vers la découverte. Renforcée par la présence d’un guide-conférencier, la mobilité touristique imposée par le voyage scolaire permet à ces jeunes voyageurs d’échapper à l’espace virtuel du cours pour investir un espace réel où la ruine peut tout à fait remplir son rôle de marqueur historique : elle permet d’engager entre les différents protagonistes du voyage (professeur – guide-conférencier – élèves) une large réflexion entre son contenu sémantique et son interprétation historique.

Sylvie PEDROARENA – Lionel SANCHEZ

Par |2025-01-16T16:00:45+00:00janvier 16, 2025|À la une, Billet d'humeur, Voyages|0 commentaire

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